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  • Photo du rédacteurloudebergh

Le vieil homme et la mer, Ernest Hemingway.



C’est un tout petit roman.

150 pages à peine.

Une centaine de grammes tout au plus.

11 centimètres au garrot.


Un tout petit roman que l’on a tous déjà lu.

Ou que l’on croit avoir lu, plutôt. On ne sait plus bien.

Chez les grands parents en Bretagne (il n’y avait pas beaucoup de livres dans leur maison de vacance), en classe de sixième avec Madame…madame comment déjà ? ou à la maison, sur ordre de nos parents.

Bref, un petit compagnon de route, qui n’a jamais été très loin,

mais qui n’a jamais été si près que cela non plus.

Alors je te propose une chose :

Si, en faisant ta valise, tu réalises que tu n’es pas à cent grammes près.

Si tu as encore une petite place dans ton sac à dos,

Si tu souhaites partir léger, mais avec « de la toute bonne » (de la littérature j’entends),

Embarque le Vieil homme et la mer d’Ernest Hemingway.


Pars, le temps d’une heure, d’une journée ou d’une semaine,

Avec ce vieil homme,

Seul en mer à la recherche d’un grand poisson.

DU grand poisson.

Lutte avec lui, pendant trois jours et deux nuits, sur sa barque de fortune, pour pêcher et ramener à terre ce magnifique espadon.

Viens-en à bout avec lui, aux prix d’efforts incroyables.

Lutte contre les requins, attirés par l’odeur du sang, à mains nues ou presque.

Et rentre au port avec ce qu’il reste.


C’est toute la condition de l’homme, résumée en 150 pages.

Ce petit roman, c’est l’histoire du courage humain, de l’énergie humaine, des centaines de fois décuplée quand vient le moment, le moment de passer l’arme à gauche, de regarder de l’autre côté.

Ce roman, c’est l’amour inconditionnel d’un enfant pour un vieil homme,

Celui d’un vieil homme pour la mer et ses magnifiques hôtes ;

C’est la victoire du cœur sur le désespoir.

La victoire de la beauté sur la cruauté.


« Le jeune garçon enleva du lit la vieille couverture militaire et la disposa par dessus le dossier du fauteuil sur les épaules du vieux. C’étaient de curieuses épaules, puissantes en dépit de la vieillesse ; le cou aussi conservait de la force : on en voyait moins les stries dans cette posture de sommeil qui maintenait la tête penchée en avant. La chemise du vieux avait tellement de pièces qu’elle ressemblait à la voile de sa barque ; ces pièces avaient pris en se fanant mille teintes variées. La tête, elle, était très vieille. Ce visage aux yeux fermés n’avait plus l’air vivant. Le journal était étalé sur les genoux du vieux ; le poids de son bras le défendait contre la brise du soir. Le vieux était pieds nus. »


Ce roman, c’est aussi un suspens comme on n’en fait plus. Condensé. Ramassé.

Une écriture précise, tranchante, efficace.

Un humour ravageur, un second degré magnifiquement manié.

Des images à n’en plus finir, les raies bleutés de l’espadon scintillant à fleur d’eau, le harpon pénétrant durement l’œil d’un requin, les mains abîmées, ravagées.

Ce sont des sens, mis en éveil. La tendreté de la chair des poissons volants, la douleur infligée par le fil se déroulant, la brûlure d’un soleil cubain de sur frêles épaules.


Ce roman tu l’as compris, c’est un chef d’œuvre. Un petit roman certes, mais pour lequel l’adjectif « magistral » sied autrement mieux.

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